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Se muscler juste par la pensée ?

Augmentez votre force musculaire, sans bouger le petit doigt. Littéralement.

La visualisation est une technique qui consiste à créer ou recréer une expérience dans son esprit, par l’imagination. Cette technique est utilisée par la plupart des sportifs de haut-niveau et il est prouvé qu’elle améliore leurs performances. Elle est aussi utilisée dans le domaine de la santé, notamment pour la rééducation des personnes victimes d’accidents vasculaires cérébraux.

Se visualiser en train de réussir un mouvement dans son esprit permet de mieux le réussir par la suite dans la réalité. Par exemple, un musicien qui s’imagine jouer un certain air au piano va mieux le jouer sur un vrai piano que s’il ne s’était pas entraîné en pensée.

Mais jusqu’où la visualisation peut-elle avoir un effet sur le corps ? Peut-elle le transformer au point d’augmenter sa masse musculaire ?

Expérience

En 1992, deux chercheurs ont réalisé une expérience pour déterminer l’effet de cette technique sur les muscles. Ils ont recruté 30 sujets, chez qui ils ont commencé par mesurer la force d’un muscle bien précis : le muscle abducteur de l’auriculaire gauche.

Ce muscle sert à retirer la prise du petit doigt en l’écartant vers l’arrière. C’est un muscle très peu sollicité dans la vie de tous les jours, et c’est justement pour cette raison que les chercheurs l’ont choisi pour leur expérience. Étant donné qu’on mobilise peu la force de ce muscle au quotidien, il est facile de générer et de mesurer d’éventuels changements, tant de force que de volume musculaire.

En tout cas, c’est plus facile qu’avec des muscles qu’on utilise tout le temps, comme les abdominaux par exemple.

Cette mesure de force musculaire du petit doigt, qui constituait la première étape de l’expérience, a permis aux chercheurs d'établir un point de référence pour une future comparaison après entraînement. Donc une fois la mesure de la force de ce muscle réalisée, les sujets ont été répartis au hasard en trois groupes :

  1. un groupe d’entraînement réel,
  2. un groupe d’entraînement en imagination
  3. et un groupe contrôle, sans entraînement.

Cette 2ème étape de l’expérience a duré quatre semaines, et chaque groupe avait une tâche différente à effectuer :

  1. Les sujets du premier groupe ont entraîné leur muscle au rythme de cinq sessions par semaine. Assis dans un fauteuil, leur bras gauche reposait sur une table, la main relâchée. Leur petit doigt était maintenu immobilisé et ils devaient essayer de le lever aussi fort que possible. Chaque session comportait 15 essais. Et chaque essai durait approximativement 10 secondes.
  2. Les sujets du 2ème groupe suivaient eux aussi un entraînement, avec un nombre exactement identique de sessions et d’essais. La seule différence, c’est que leur entraînement n’impliquait que leur imagination. Les chercheurs ont demandé aux sujets de ce groupe de conserver leur petit doigt détendu au maximum, tout en imaginant une contraction maximale dans leur esprit. La contraction de leur petit doigt était même mesurée pendant les essais, pour vérifier qu’il restait bien détendu.
  3. Les sujets du troisième groupe, le groupe contrôle, ne suivaient quant-à-eux aucun entraînement.

Effets de la visualisation sur le corps

Enfin, la 3ème et dernière phase de l’expérience consistait à mesurer à nouveau la force du muscle étudié, pour détecter les éventuels changements.

  1. Les membres du 1er groupe, ceux qui s’étaient entraînés réellement à mobiliser leur petit doigt, avaient gagné 30 % de force supplémentaire.
  2. Les membres du groupe d’entraînement par visualisation pure avaient gagné quant-à-eux 22 % de force supplémentaire.
  3. Et les membres du groupe contrôle, qui ne s’étaient pas entraînés, n’avaient gagné que 3,7 % de force supplémentaire.

En conclusion, le fait d’utiliser l’imagination pour se projeter en train d’effectuer un mouvement a un véritable effet, concret et mesurable, sur le corps. Le simple fait d'imaginer qu'on mobilise un muscle va le renforcer !

Et ce n’est pas tout, les chercheurs ont également mesuré la force du muscle abducteur de l’auriculaire de la main droite de chaque sujet, c’est à dire le même muscle que celui sur lequel portait l’entraînement de quatre semaines, mais sur l’autre main, celle qui n’avait pas été entraînée.

La force de ce muscle avait augmenté de 14 % pour le groupe entraîné physiquement, de 10,5 % pour le groupe entraîné en imagination, et seulement de 2,3 % pour le groupe contrôle.

La visualisation fait des miracles

En fait, le cerveau est même capable d’aller plus loin que ça. Au cours d’une étude utilisant la réalité virtuelle, des chercheurs ont permis à huit personnes paralysées de faire régresser leur handicap. Les patients étaient paraplégiques, c’est à dire paralysés des deux jambes suite à une lésion de la moelle épinière. Mais à force de se visualiser en train de marcher grâce à un avatar virtuel, de nouvelles liaisons nerveuses de sont formées et ces patients ont pu retrouver des sensations dans leurs membres paralysés et même un contrôle partiel de leurs jambes. Et ça, c’est une performance énorme, car jusqu’à il y a quelques années, on pensait que c’était impossible. Jusqu’à cette étude, personne n'avait observé la récupération de ces fonctions chez un patient 3 ans après un diagnostic de paralysie complète.

Et la gonflette, dans tout ça ?

Pour en revenir à l’étude sur le petit doigt, notez quand-même que si la visualisation a permis d’augmenter la force du muscle sur lequel portait l’entraînement, elle n’a par contre pas augmenté son volume musculaire. Le muscle actionnant l’auriculaire n’a pas grossi. L’esprit a bien un pouvoir sur le corps. Il peut le changer de façon permanente et mesurable. Mais son action a quand-même une limite. Donc si vous comptiez essayer de vous fabriquer un corps de rêve avec cette technique, ça ne va pas marcher.

Pour faire gonfler vos muscles, vous allez être obligé de transpirer.


Citation du jour

« Ce ne sont pas les évènements qui troublent les hommes, mais l'idée qu'ils s'en font. »

Epictète